Ce mercredi 29 juillet a été une journée "du tonnerre" comme disait Sylvanna dans les années 50 à Marseille. Pas d'orage, non, rien de grave dans le ciel, mais une journée électrique sans court-circuit, bien raccordée, où les évènements s'arrangent au poil les uns avec les autres. Partis sur les chapeaux de roues, immédiatement à 4nds, puis 5 voire 6 au fur à mesure que la brise abattait… jusqu'à 9 Miles de Bari, où nous tentons avec succès une place dans le Porto Vecchio, guidé par un boy jusqu'entre deux vedettes, avec le sondeur à zéro depuis l'entrée! Il y a 1m80 nous dit-il en souriant. Nous sommes sur un ponton chic avec vue sur un club nautique classieux, mais le prix pour nous bien ordinaire, 25 €. Combien de citadelles, combien de mortadelle, combien de la vie est elle cette année (j'essaie de composer un tube à l'italienne) Si bien qu'il nous faut lutter pour ne pas mélanger les escales, tant elles se ressemblent - et se dissemblent : jamais le même genre de port, ni d'accès du port à la ville, ni de configuration de ville ancienne et nouvelle. Mais les citadelles, indubitablement se copient car elles ont la même histoire. Les Grecs, puis Rome, puis Byzance, puis les arabes, puis les normands Giscard, Robert II ont laissé leur traces dans la pierre des cathédrales et dans le sang des blondes et rousses. La citadelle de Bari a ceci de particulier qu'elle est grouillante et sympathique. (D'autres sont funèbres et coupe-gorge comme à Tarante) On pourra dire de notre voyage qu'il est une pérégrination dans l'extension maritime prodigieuse du royaume des Normands en Méditerranée! Notre première route sur Trani est laborieuse. Quand nous y parvenons, la mer est déjà forte et c'est avec soulagement que nous sentons l'abri des jetées. Plusieurs autre voiliers arrivent successivement pour s'abriter et le dernier, un brave petit français de 8m et des poussières a du attendre au large face à la lame, l'entrée du port étant devenue impraticable! Tout d'abord, ce site remarquable de palazzi XVII ème austères et de cathédrale gigantesque du XII ème avec des esplanades géantes nous refroidit un peu, surtout par ce temps de manche-est qui fait siffler les haubans. Je suis d'ailleurs sur les genoux, il fallait régler les voiles toutes les dix minutes dans ces conditions instables de vent et de vagues. Le lendemain après une grass'mat, tout parait plus joli, plus convivial. Les gens sont charmants et nous trouvons un folo de mon âge, Paolo, qui tient uns sorte de Café Nautica à la vue imprenable mais qui ne sort que deux tables en plastique et se contente de deux clients, ou un, voire zéro, l'essentiel pour lui étant de pousser sa chaîne stéréo au max avec Mozart, Beethoven et quelques opéras baroques, en signe de protestation contre la world-music qui vient de toutes les innombrables terrasse. Un autre protestataire est Saint-Nicolas de Trani (ne pas confondre avec Saint-Nicolas de Bari) dont la lente procession sur le corso parvient à faire taire momentanément rap et samba. Ensuite deux feux d'artifice, l'un à 21h, l'autre à minuit embrasent le ciel interminablement, je me demande pourquoi pas un troisième à 3 h du mat? De Trani nous filons sans problèmes à Manfredonia, au pieds des montagnes, par dépit de ne pouvoir tenter un mouillage dans cette région au temps perturbé. Après deux nuits passées dans cette marina disproportionnée et ultra-vide, vu la météo orageuse peu sympathique pour passer cette grosse pointe de Gargano, Dagi propose de retourner à Trani, et peut-être même à Bari, pour hiverner le Whisper. Cette bonne idée est acceptée à la majorité absolue des votants : Trani est envoûtante et il y a un minuscule chantier naval. Trani a aussi sa ville moderne pour nos divers aprovisionnements (dont le camping-gaz international figure parmi les produits les plus rares sur le marché mondial!) Retour à Trani sans difficultés, avec des petits vents dans tous les sens. Nous retrouvons notre même place sur le ponton vaste et carré de transit, en petite compagnie de voyageurs qui arrivent et repartent au rythme d'un, deux ou trois par jour, chacun restant assez longtemps sur place, bricolent la journée et sortent le soir. L'ambiance est très très détendue, et le prix aussi, 18 € pour nous. Cela me fait aussi un grand plaisir de trouver ici des unités de passage peu prétentieuses, bateaux assez vieux et point trop grands: nous en avons parfois la migraine d'être entourés de petits milliardaires de plaisance sur leurs vaisseaux démesurés. En dépit de sa classe monumentale, cette ville est gentille, les restos modestes et très bons. Sur l'une ou l'autre des cents places qui ornent aussi bien la ville moderne que l'ancienne, des orchestres sont improvisés, comme ce groupe de twist italien qui nous a tenu debout à gesticuler une bonne demi-heure! Question chantier naval, l'affaire est simple : il ne le font pas, l'hivernage au sec, faute de place (c'est tellement exigu, il me semble que je ne pourrais pas y garer ma bagnole. Mais nous insistons. Réponse quand le chef, Michele, aura contacté son administrateur. Le lendemain la réponse est oui, avec un double des clefs et l'accès aux toilette du club de voile à-côté. Le prix? 150 € par mois… Nous ne sommes plus en Sicile (80 €) Nous avons une autre offre à Bari de 120 €. Mais les dés sont jetés, c'est ici que nous aimerons revenir l'année prochaine!